Les méthodes agiles sont
souvent présentées comme une panacée permettant d'échapper aux lourdeurs des
phases de spécifications. N'en déplaise aux habiles commerciaux des SSII, les
méthodes agiles induisent toujours d'importants risques supportés par les
clients.
Pour mémoire, il convient de
rappeler que l'approche agile est basée sur des pratiques itératives et
collaboratives, dont les 4 valeurs fondamentales sont :
- les individus et leurs
interactions plus que les processus et les outils
- les logiciels opérationnels
plus qu’une documentation exhaustive
- la collaboration avec les clients plus que la négociation contractuelle
- l’adaptation au changement plus que le suivi d’un plan.
Pour autant, méthodes agiles ou pas, aucune entreprise ne peut renoncer au triptyque périmètre, délai, budget.
- la collaboration avec les clients plus que la négociation contractuelle
- l’adaptation au changement plus que le suivi d’un plan.
Pour autant, méthodes agiles ou pas, aucune entreprise ne peut renoncer au triptyque périmètre, délai, budget.
De sorte que, en présence
d’une méthode agile, tout projet d’importance sera le théâtre d’une âpre lutte
contractuelle entre la SSII et son client. Il n’y a ni vainqueur ni vaincu à ce
stade. Un contrat finit toujours par être signé … d’autant plus que le prêt à
porter contractuel est aujourd’hui abondant.
Traditionnellement, les
méthodes agiles découpent le projet en itérations, ou « sprints »,
tandis que le « backlog » comptabilise ce qu’il reste à faire pour
respecter le périmètre fonctionnel initialement convenu.
Et c’est là le premier germe
de la discorde : la valeur d’une itération repose-t-elle sur la quantité
de travail fournie par la SSII ou
s’apprécie-t-elle au regard de la progression vers l’atteinte du périmètre
fonctionnel visé par le client ?
Bien entendu, la SSII
demandera à être payée pour le travail accompli, c’est à dire en régie, plus ou
moins bien dissimulée derrière « points de complexité »,
« vélocité » ou autres termes pompeux …
Face à cette demande, le
client aura bien du mal à mesurer le bénéfice qu’il tire de l’itération et à la
caractériser en termes de résultats, d’autant que - conformément au dogme de l'agilité - il a accordé peu de temps aux
spécifications, surtout s’agissant des livrables des itérations.
Le second germe de la
discorde apparaît généralement au même stade : la collaboration et l’interaction
entre les équipes étant au cœur des méthodes agiles, la SSII comme le client
pourront s’incriminer mutuellement en
cas de retards, de difficultés de recettes, de manquements aux obligations de
compétence, d’alerte …
Le client aura bien du mal à se prévaloir des obligations de résultats mises à la charge de la SSII. Chacun sait que l'immixtion du maître d'ouvrage permet à la SSII de s'exonérer de sa responsabilité.
Moteur même de la démarche agile, l'interaction SSII-client sape ainsi directement les bases de la responsabilité du prestataire en matière d'obligations de résultats. Pire, le client peut se voir demander réparation du préjudice que la SSII pourrait prétendre supporter : équipes mobilisées pour ne faire qu'attendre ou se substituant aux carences du client, ...
Ultérieurement, en présence d’un litige, plusieurs questions additionnelles se poseront : résiliation ou résolution du contrat, jouissance des droits de propriété intellectuelle afférents aux programmes et/ou aux spécifications, réutilisabilité opérationnelle des livrables …
Le client aura bien du mal à se prévaloir des obligations de résultats mises à la charge de la SSII. Chacun sait que l'immixtion du maître d'ouvrage permet à la SSII de s'exonérer de sa responsabilité.
Moteur même de la démarche agile, l'interaction SSII-client sape ainsi directement les bases de la responsabilité du prestataire en matière d'obligations de résultats. Pire, le client peut se voir demander réparation du préjudice que la SSII pourrait prétendre supporter : équipes mobilisées pour ne faire qu'attendre ou se substituant aux carences du client, ...
Ultérieurement, en présence d’un litige, plusieurs questions additionnelles se poseront : résiliation ou résolution du contrat, jouissance des droits de propriété intellectuelle afférents aux programmes et/ou aux spécifications, réutilisabilité opérationnelle des livrables …
En définitive, il semble
raisonnable de retenir que, en présence de méthodes agiles, le cadre
contractuel SSII-client est particulièrement délicat. Il s’avère bien souvent un leurre,
sauf à se satisfaire de l’achat en régie de prestations qu’il conviendra de
piloter de très près - tout en sachant parfaitement où l’on souhaite arriver.
Ainsi, Sénèque a encore et toujours raison : « il n’est point de
vent favorable pour qui ne sait pas où se trouve son port ». Les méthodes agiles nous le rappellent parfois cruellement.
Michel PASOTTI - Paris, le 17
juin 2013